le voleur
2016-2019

Le Tribunal de Cassation d’Henri Labrouste est un «projet de papier», jamais construit et dessiné à l’occasion du concours du Grand Prix de Rome de 1824, qui remporta à ce titre le 1er prix (et donna à Labrouste, alors âgé de 23 ans, la chance de démarrer sa carrière et de passer 5 ans à Rome).

Les projets des Grands Prix de Rome sont connus pour être des projets classiques, sévères, grandioses, très «composés». Le projet de Labrouste, exemplaire à ce titre, est intéressant par ailleurs car il adopte le dispositif de la maison romaine avec atrium et péristyle.

Ce qui m’a intéressé dans ce projet c’est son caractère inachevé, imparfait, malgré son apparente facture classique parfaite : c’est un projet dessiné en peu de temps, il est donc un mirage, quelque chose d’indéfini. En le redessinant en 3D à partir des quelques documents produits par Labrouste (un plan, deux coupes, deux élévations et un plan de toiture), j’ai donné naissance à un monstre : un objet mort-né, dont la spatialité, inconnue de son auteur, est inquiétante, mystérieuse, oppressante.

Le sujet d’un tribunal de cassation n’étant pas pour rien dans cette austérité, j’ai eu envie de mettre en résonance les pensées du narrateur du Voleur de Georges Darien (écrivain français méconnu, à tendance anarchiste, de la fin du XIXème) qui, à plusieurs reprises, réfléchit sur la question de la «morale du voleur».

Vue axonométrique filaire du Tribunal de Cassation d’Henri Labrouste modélisé par mes soins à partir des
archives d’un plan de rez-de-chaussée, de deux coupes, de deux élévations et d’un plan de toiture