L’espace blanc

Ludmilla Cerveny construit des images. Ni dessins, ni photographies, l’artiste joue avec le vocabulaire propre à chacune de ces techniques pour créer son propre langage formel et esthétique. Chacune de ces images est construite par une succession de plans plus ou moins abstraits, dans lesquelles la lumière et les ombres jouent un rôle déterminant et nous confrontent à un espace intérieur, replié sur lui-même, que nous observons depuis l’extérieur. Les espaces sont vides et le corps humain en est totalement absent. Pour autant, la présence de halos de lumière, de chaises ou encore d’échelles nous renvoient l’image de territoires habités par une présence fantomatique de nos corps.


Observateur, le regardeur l’est également dans les maquettes / sculptures que Ludmilla Cerveny crée. Des volumes dans lesquels nous ne pouvons pénétrer ni même nous projeter tant les proportions et les échelles peuvent nous sembler disproportionnées – un sentiment renforcé par la présence de reliques personnelles de l’artiste qu’elle dispose dans chacune de ces cabanes.


En s’attachant à revenir à l’essence de la photographie (en questionnant les notions de cadrages et de lumières), mais aussi à celle de l’architecture (en construisant des abris et en imaginant des espaces de circulations), l’artiste parvient à tirer le meilleur de chacun des médiums qu’elle utilise en redonnant à chacune de ces images leurs fonctions contemplatives.

Alex Chevalier, L’espace blanc, novembre 2016