
luna murta
en cours
projet documentaire et de création autour de la vezouze (luna) et de la meurthe (murta) à lunéville
A la manière des femmes naturalistes anglaises du XIXème, j’explore le principe de home-based studies (j’habite ici, j’observe ici) le long des rives de ces deux rivières mais dans une démarche de décloisonnement des pratiques (art, sciences sociales, naturelles, etc). J’y observe donc les enjeux humains, paysagers et politiques mais aussi les liens, les interconnexions entre ces rivières, les habitats (humains et non-humains) ou encore les pratiques de déplacement. Pour cela un travail de recherches dans les archives est entrecroisé avec de longs arpentages sur le terrain, des échanges avec des professionnel.le.s ou des rencontres fortuites.
Photographies argentiques et numériques, archives, cartographies sur toile, notes et écrits.

Notes à propos de cette image et de ce point de vue :
jeudi 25 aout 2022, 8h45, à proximité du pont de l’an 2000 et du supermarché Leclerc, vue sur le bassin d’orage et la ripisylve
Il fait encore doux alors que je prépare ma chambre pour cette image mais la journée s’annonce chaude, comme pratiquement toutes celles de cet été caniculaire et terriblement sec. Le temps de mettre mon drap de visée et une troupe de très jeunes militaires passe à mon abord, bonjours et regards curieux, mais ils n’ont pas le temps ni le droit d’assouvir leur curiosité. Puis c’est au tour d’un héron de passer dans le ciel, en huant. Et alors que je m’apprête à retirer mon châssis, deux lycéens m’interpellent depuis le trottoir d’en face et me rejoignent rapidement avec leurs trottinettes électriques. Nous discutons pendant un quart d’heure de réseaux sociaux et de photographie. Je leur fais vivre l’expérience du dépoli et de l’image à l’envers. Ils s’en amusent et se montrent très curieux. Je crois même qu’ils ont un peu filmé. Ça a dû finir sur les internets, quelque part.
Plus tard, en décembre, en me rendant aux archives municipales, je découvre en discutant avec la documentaliste et en consultant des documents qu’en face de cet endroit, par le passé, s’est trouvé un moulin puis une fabrique de verre de montre et des bains militaires. La végétation des rives (ripisylve) avait alors disparue depuis longtemps. Elle est revenue progressivement entre les années 2000 et 2010 et c’est à la faveur d’un diagnostique architectural, patrimonial et environnement en 2014 puis de l’arrivée de la compétence GEMAPI en 2018 que celle-ci a pu se développer de manière plus libre.